Histoire totalement immorale..

Publié le par gold

...........mais absolument véridique

Hier j'ai mis en ligne un article sur le Président Paul Doumer assassiné en 1932. J'avais lu un fait divers ayant un rapport avec cet assassinat, fait divers qui prouve que, contrairement à ce que dit le dicton populaire, le hasard ne fait pas toujours bien les choses.
 Oyez, oyez l'histoire infâme et véridique qui permit à un meurtrier d'échapper à la punition de son geste criminel.

En 1932 vivait à Paris Mme Demer, une vieille dame seule qui habitait au 48 de la rue Custine sous le Sacré Coeur au pied de la Butte.
Tous les matins elle sortait faire ses petites emplettes chez les commerçants de la rue qui la connaissaient bien depuis 50 ans qu'elle vivait là et l'après midi, quand le temps le permettait elle allait s'asseoir sur un banc, donnait des graines aux pigeons et leur parlait.
C'était là son seul passe temps.
Un matin de Mars, sa concierge ne la voyant pas sortir s'inquiéta. Elle se rendit à l'appartement, la porte était ouverte, elle entra le coeur battant et elle trouva la vielle dame dans la cuisine.
Les pigeons de la rue Custine étaient orphelins, la vielle dame gisait à terre, le crâne fracassé.
L'enquête de police fut rondement menée car après une simple enquête de voisinage on obtient la description d'un homme qui rodait depuis quelques jours dans le coin. Cet homme fut facile à trouver puisqu'il était en prison, arrêté le jour même de l'assassinat de Mme Demer mais pour un simple vol à l'étalage.
Il s'agissait d'Alexandre Boyer, mauvais garçon bien connu de la police.
On le sortit de sa cellule, on l'interrogea et bien sur il nia être l'auteur du crime.
On alla perquisitionner son taudis et là on trouva des objets ayant appartenu à Mme Demer. Il fut aussitôt inculpé de l'assassinat de la vielle dame.
Son procès fut rondement et rapidement mené, le verdict tomba : peine capitale.
On mit Boyer dans le quartier des condamnés à mort en attendant son exécution.
Son avocat présenta aussitôt un recours en grâce auprès de Paul Doumer, recours qui avait peu de chances d'aboutir.
On était en Avril 1932.
Or, pendant que se déroulaient ces faits, un médecin Russe dément du nom de Paul Gorguloff vivait dans un hôtel de Paris et enrageait.
La France lui avait refusé l'asile politique, à lui, lui qui se battait contre le Bolchevisme et rêvait de rédonner un Tsar à la Russie.
Il décida de punir la France et comment la punir mieux qu'en tuant celui qui la dirige?
Il mit son plan à exécution et, le 6 mai 1932, à 15h00, alors que Paul Doumer visitait "l'association des écrivains combattants" qui l'avait invité en souvenir de ses quatre fils morts à la première guerre, il tira quatre coups de 7.65 sur le président qui fut grièvement blessé.
On transporta Paul Doumer à l'hôpital, il était dans le coma.
Gorguloff failli être lynché sur place et c'est en très mauvais état qu'on le mit dans sa cellule.
Et c'est là où le destin entre en jeu.
Nous étions le 6 Mai en fin d'après midi et l'exécution de Boyer était prévue le 8 à 4h00 du matin; il lui restait 30h00 à vivre.
Apprenant que Paul Doumer était dans le coma, l'avocat de Boyer courrut à la chancellerie et demanda le report de l'exécution de son client arguant du fait que tant que le président vivait on ne pouvait préjuger quelle aurait été sa décision quant au recours en grâce.
On se pencha sur ce problème sans précédent et l'on convint du bien fondé de la demande de l'avocat, car en effet, on savait Paul Doumer farouchement opposé à le peine de mort et il aurait très bien pu accorder sa grâce au dernier moment.
L'avocat fit le siège de l'hôpital où se trouvait Doumer. Le président décéda le 7 Mai à 4h30 du matin, l'avocat se précipita à l'assemblée car
a l'époque le président était élu par les députés et non pas au suffrage universel direct.
Or, le décès brutal du président de la république obligea les députés à se réunir d'urgence pour désigner son successeur.
Ce fut Albert Lebrun qui fut élu.
Aussitôt l'avocat lui présenta une demande de grâce, Albert Lebrun était adversaire lui aussi de la peine de mort et qui plus est la coutume voulait que le président accorda d'office la première demande de grâce de son mandat.
Boyer avait sauvé sa tête.
Gorguloff sera guillotiné le 14 Septembre suivant.
Boyer verra sa peine commuée au bagne à perpétuité et envoyé à Cayenne.
Vous allez dire que cette mort lente n'était pas enviable non plus........mais l'histoire n'est pas finie !
En effet, Boyer survécut aux conditions de vie de Cayenne, et après la guerre il fut rapatrié en France à la fermeture du bagne.
En cette période où les autorités avaient d'autres préoccupations que de s'occuper de l'auteur de l'assassinat d'une vielle dame commis 17 ans plus tôt et vu que Boyer était blessé et medaillé de la première guerre où il s'était conduit héroïquement il fut gracié.

Il finit ainsi tranquillement ses jours et mourut dans son lit.
La destinée emprunte parfois de drôles de chemins.
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

NDLA: J'ai peut-être un rapport avec cette histoire car je m'appelle Boyer.
 Peut-être qu'un lien de parenté me lie à l'assassin de Mme Demer, d'autant plus que mon grand-père s'appellait Alexandre !
Qui sait ? Ne dit on pas que le monde est petit ?
La vie a parfois de ces hasards !
Alors un jour que j'étais à Paris je me suis rendu au 48 de la rue Custine.
C'est un très vieil immeuble, la pierre du seuil est creusée en son milieu. usée par les milliers de pas qui l'ont foulée.
Mme Demer a dû poser son pied sur cette pierre........Alexandre Boyer aussi.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
<br /> Mon grand père Antoine POL était invité par l'association des écrivains combattants (14/18)en temps qu'écrivain, il avait édité Emotions Poétiques en 1918, (dont le poème Les Passantes a été mise<br /> en musique bien plus tard par Georges Brassens.) Alors qu'Antoine et sa femme Yvonne discutaient ensemble en buvant une coupe de champagne, un énergumène s'avança vers le petit groupe, sorti un<br /> révolver et tira presqu'à bout portant sur Paul Doumer, mon grand père fut légèrement éclaboussé du sang du Président qui s'écroula, retenu par Antoine. On posa sa tête sur les genoux de ma grand<br /> mère en attendant les secours, mais le blessé tomba très vite dans le coma. Le criminel Gorguloff fut arrêté peu après, il sera guillotiné en septembre de la même année 1932. Ces propos<br /> authentiques m'ont été rapportés par ma grand mère Yvonne. Une biographie et bibliographie d'Antoine POL existe dans le livre édité en petit nombre par son petit fils Bruno, voir site " Des<br /> Passantes à l'Oiseau Blanc. B. A.POL.<br /> <br /> <br />
Répondre
A
Cher Monsieur Boyer [?],<br /> <br /> Je suis particulièrement intrigué par votre article sur Alexandre Boyer assassin de madame Demer, grâcié par Albert Lebrun, puis condamné au bagne et survivant de cayenne.<br /> Il se trouve que je suis parent (très éloigné) avec ce Boyer. Ma mère m'a conté cette histoire mais pas tout à fait comme vous la racontez. Mais la trame de fond est bien celle-là. <br /> Il se trouve que l'une de mes arrière-grands-mères est une Boyer et parente avec les géniteurs du susnommé assassin.<br /> J'aimerais bien que vous me signaliez où vous avez puisé votre documentation.<br /> Cordiales salutations de la part [peut-être] d'un fort lointain cousin...<br /> Alain G
Répondre
G
Hello,<br /> Sorry for wrting n english.<br /> I'm very interested in Eugene Boyer's story after I read them in Henri Charriere's "Papillon"<br /> <br /> Can you mail/write me some details about him. Espcially, his later after the "bagne"<br /> <br /> Is he repatrieated in 1953, released in 1957 and committed suicide in 1964? That's what I've read in Sylain Larue's web site.<br /> <br /> Can you gimme me deatils, pictures etc..<br /> <br /> Thanks.
Répondre
C
Quand bien même tu serais son descendant on ne choisit pas sa famille.
Répondre
G
Tout à fait et tant qu'à faire je préfèrerais un aïeul plus reluisant que ce triste sire.........
N
_17 °CETTE NUIT ...BRRR! bises
Répondre
G
Couvre toi bien !